? Envolées lyriques ambulantes avec l’Opérabus

L’Opérabus s’est garé dans la cour du collège Nathan-Katz, à Burnhaupt-le-Haut, et y a stationné toute la journée de lundi. Venus du nord de la France, les artistes d’Harmonia Sacra ont parlé de passion amoureuse avec leurs cordes vocales. Devant des enfants curieux et attentifs, ils ont présenté le spectacle La gamme d’amour.

Article paru dans L’Alsace le 22/01/2020 05:02 par Alice HERRY

Toute la semaine, l’Opérabus sillonne les routes de la vallée de la Thur. Lundi, ce fourgon pas comme les autres a stationné sur le parking du collège Nathan Katz, à Burnhaupt-le-Haut.

« Pour allumer des ardeurs éternelles et paraître toujours belle, le secret est d’aimer », lance solennellement Stéphanie Revillion, soprano , à son partenaire de chant, Olivier Fichet, ténor. Le décor est planté : un bus transformé en opéra avec dorures, rideaux et fauteuils rouges, scène et fresque au plafond. Un ciel. Opéra oblige. C’est donc dans l’intimité induite par l’espace clos du bus, que les artistes d’Harmonia Sacra ont entraîné les élèves de 4e, du collège Nathan-Katz de Burnhaupt-le-Haut , dans leur univers onirique.

Avant d’emprunter les routes de France, le bus de ville circulait à Valenciennes pour le transport de la population. C’est en 2015 que le bus urbain se transforme en Opéra du XVIIe  siècle. Dans cette salle mobile, d’une capacité de 35 places, l’ensemble rencontre et fait voyager les publics avec une proximité sans pareil. « Le but, c’est d’amener l’opéra dans les classes et les cours de collège. Il y a une proximité physique, on est proche d’eux. On voit leurs expressions du visage et on a un moment discussion avec les élèves, qui est toujours très riche. On a un vrai échange qui nous transcende. On sait vraiment pourquoi on est là. Il n’y a pas de filtres, on leur transmet des émotions, dans un autre lieu et un autre temps. Il y a aussi une façon d’écouter qui est différente », expliquent les trois artistes, Stéphanie Revillion, Olivier Fichet et Hélène Dufour-Intrieri, présents sur la scène du bus.

 

Culture mobile

Depuis sa création, l’Opérabus a effectué plus de 100 sorties, y a donné près de 230 représentations et rencontré plus de 10 000 auditeurs, enfants et adultes compris. « L’Opérabus incarne parfaitement l’originalité et l’innovation que cultive l’ensemble baroque pour de la médiation culturelle et de l’éducation artistique », ajoute la claveciniste, Hélène Dufour-Intrieri. En arborant fièrement le slogan sur sa carrosserie, « La culture devient mobile », le bus a stationné devant le collège Nathan Katz, lundi, pour quatre représentations. En parlant, avec un langage musical lyrique, de toutes les formes d’amour (le malheureux, le tragique, l’heureux, le passionné, le vieillissant), les artistes touchent la sensibilité des élèves. Julien, 14 ans, a déjà assisté à deux représentations de l’Opéra du Rhin à la Filature de Mulhouse. Pour autant, le jeune homme est conquis par le concept de l’Opérabus. « On les voit de très près et on les entend mieux. Le clavecin accompagne joliment les deux voix », raconte-t-il.

Littérature, peinture et chant

Un peu comme le ferait une anthologie musicale du sentiment amoureux, ce concert illustré met en avant l’incroyable inventivité des compositeurs baroques à décrire les passions amoureuses des Hommes. Dans La gamme d’amour, la littérature, la peinture et le chant se mêlent avec brio. « Tous les aspects du sentiment amoureux ont été transcrits dans la musique. La scénographie est simple mais dédiée à la perception de chacun. » Le programme musical se construit comme une discussion amoureuse, et révèle tour à tour les joies mais aussi les peines de l’amour. Après 50 minutes de spectacle mélangeant poèmes en français et chants en anglais et italien, l’heure est à l’échange et les questions fusent. « Comment êtes-vous devenue chanteuse d’opéra ? », « Pourquoi avoir choisi le clavecin ? », « Qu’est-ce que ça fait de se produire dans un bus ? », « Est-ce que vous êtes amoureux dans la vraie vie ? »… Rien n’arrête la curiosité des enfants.

À l’instar des stars du rock en tournée, les artistes de l’Opérabus sont sur les routes de l’Hexagone mais ne peuvent pas voyager à bord du bus. « On s’entend tous très bien, c’est important. Les loges et la scène sont exiguës. Pour ce qui est du reste, on suit le bus avec nos voitures. » Cette semaine, l’Opérabus sera en représentation dans d’autres communes de la vallée : Willer-sur-Thur, Steinbach, Uffholtz et Schweighouse-Thann.

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